Blog littéraire de Patricio SANCHEZ-ROJAS Chile/ poesia/ Chili - poésie/ littérature/ création/ literatura Poésie/Littérature/Chili/France/Chile/Francia/ 2024.- Poésie/Littérature/Chili/France/Chile/Francia/ 2024.-Poésie/Littérature/Chili/France/Chile/Francia/ 2024.-Poésie/Littérature/Chili/France/Chile/Francia/ 2024.-Poésie/Littérature/Chili/France/Chile/Francia/ 2024.-
© Patricio SANCHEZ ROJAS
Cahiers de la Mediterranée, Domens, 2019-20.
BUENOS AIRES POETRY
Los poetas de mi generación • Patricio Sánchez
https://buenosairespoetry.com/2018/08/28/los-poetas-de-mi-generacion-%E2%80%A2-patricio-sanchez/
Le Printemps des poètes
Les Plaisirs et les jours, 9e édition
L’Espace Lawrence Durrell et le Réseau des bibliothèques du Pays de Sommières accueillent comme chaque année la manifestation poétique « Les plaisirs et les jours » dans le cadre du Printemps des poètes. Le thème 2020 : « le courage ».
https://www.occitanielivre.fr/agenda/les-plaisirs-et-les-jours-9e-edition
Revue d'Art et de Littérature, Musique
° Carcassonne
° El tiempo
https://www.ral-m.com/revue/spip.php?article887
Le parapluie rouge de Patricio Sanchez - Éditions Domens, 2011
Au début du XXème, Apollinaire et Cendrars célébraient la gloire de l’Esprit nouveau dans un cadre urbain et une finalité cosmopolite avouée. Ils en célébraient les vertus et les modifications formelles qu’on lui supposait : mouvement, impact visuel de l’image, poésie citadine du quotidien.
Poète de notre temps, du XXIème en l’occurrence, Patricio Sanchez est partout chez lui dans le monde, devenu moins cosmopolite que mondialiste, à Prague comme en Angleterre, dans sa Camargue d’adoption ou en la ville lumière célébrée par ses nombreux confrères et prédécesseurs.
Loin de son Chili natal, constamment évoqué, c’est dans notre langue qu’il a posé sa valise (« en cuir de Patagonie »), titre de l’un de ses poèmes, laquelle « connaît toutes les gares du monde », et son parapluie rouge qui donne son unité – et son illustration de couverture – au recueil.
Langue qu’il utilise simplement (« Il pleut maintenant/Dans les rues d’Avignon »), et c’est sans doute ce qui nous la rend si proche ; derrière l’exilé et poète chilien, se découvre un homme comme tout le monde « qui est arrivé trop tard à tous les rendez-vous ». Langue aussi universelle des poètes, les poches trouées et la vie comme festin de Rimbaud, Neruda, Vallejo, Maïakovski ou Paul Celan.
Patricio Sanchez fait partie de cette lignée qui va de Baudelaire aux chantres de la poésie urbaine, en passant par Apollinaire ou les surréalistes. La ville est pour lui source perpétuelle d’étonnement, de rencontres (une femme sur un banc qui lit du Whitman), de confrontation permanente à la réalité brute (« « Quelques mouches s’en prenaient sauvagement/A ta solitude/ Et dévoraient tristement ton Camembert »).
Les textes en vers libres de ce recueil, de plus en plus longs, de plus en plus aboutis, se permettant pour couronner l’ensemble d’oser humblement faire une satire d’un pays d’accueil (« Sa majesté la reine/Pour l’agréable séjour offert à un de ses hôtes » - il s’agit en l’occurrence de Pinochet), preuve que l’exilé se sent de mieux en mieux intégré au vieux continent qui l’adopte.
Au demeurant, l’ensemble du livre se lit agréablement, on est ici loin d’un hermétisme certes profond mais souvent décourageant au bout de quelques pages. Chaque poème est comme une halte où poser sa valise, du côté de la place Clichy ou auprès d’une « vipère » goulue, avide de baisers (« et mon corps s’est vidé comme un véritable colis postal »), qui avait ensorcelé le poète « à l’aide d’un œil d’hirondelle de passage ».
L’exilé chilien attise en tout cas la sympathie au point de nous désolidariser de nos semblables naguère si peu accueillants (« Personne ne nous dit « bonjour »/ Dans ce jardin du Luxembourg »). Car il nous rend le monde transparent. Nous le restitue tel que nous le voyons plus : « Les nuages de cette ville ressemblent/Etrangement à l’œil d’un moineau. » Sa poésie est ainsi limpide comme une eau de pluie qu’il recueille précieusement dans son fameux parapluie rouge.
Bernard Teulon-Nouailles
CAHIERS DE LA MÉDITERRANÉE
CUADERNOS DEL MEDITERRÁNEO
Patricio SANCHEZ ROJAS
Poèmes
https://domens.pagesperso-orange.fr/nouveautes.htm#cahierspatricio
(4ème de couverture)
Patricio SANCHEZ ROJAS
oOo
Mediterráneo
Sobre la grava azul de Canet Plage busco |
La terre entière
à Jean Joubert
Je ne sais rien
sur la mer
mais le ciel scintille
lorsque j'ouvre la porte du soleil.
Un arbre écrit son nom
sur le sable,
comme tu écris ta vie
sur la vitre de l'été.
Il faut penser au vent
qui se faufile entre les plumes
de la mouette, cette lumière
faite de branches et
de feuilles de poussière.
Soudain, je pense à un olivier
et l'horizon efface
la lumière de la mer,
tel un barbelé d'épines
que j'imagine
comme un mur
où des enfants jouent
à dessiner une maison de pluie.
Je sais bien que le papillon
est un arbre invisible.
Ses branches sont ton regard
et la terre entière ta blessure.
© Patricio SANCHEZ ROJAS
Festival de poésie Voix Vives de Sète – France - 2016.-
LIVRES
DE
Patricio SANCHEZ ROJAS
· Le Parapluie rouge
· Terre de feu suivi de Nuages
· Journal d’une seconde
· Les Disparus
GRACIAS
A Violeta Parra
Doy las gracias al búho del molino
y también a la oveja trasquilada
cuando el sol en la hierba me ilumina
con sus claros cabellos de muchacha
Doy las gracias al sabio caracol
que detiene su marcha cuando fulgen
en el cielo febril y lo coloran
unas alas hermosas de gorrión
Doy las gracias a los lobos del bosque
a la hechicera que sueña con sapos
al sendero de piedra del camino
Doy las gracias al viento y a los árboles
a las palomas que vendrán mañana
a despertarme con sus alas blancas.
© Patricio Sánchez Rojas
https://www.poesi.as/pcpatsan04.htm
Poésie de
Patricio SANCHEZ-ROJAS
traduite en italien :
http://www.filidaquilone.it/num044ciampi.html
Publié le - / Modifié le
Le premier atelier d’écriture Au fil des mots de la saison s’est tenu dans le parc, samedi 14 au matin. Les tables accueillaient quelques livres, dont le recueil des textes des ateliers d’écriture de la saison dernière, des douceurs et des boissons, ainsi que les amoureux des belles lettres. Patricio Sanchez-Rojas présenta deux auteurs aux participants, lisant quelques lignes de Charles Juliet, Apaisement, extrait d’un poème qui devait donner le coup d’envoi et la trame pour les écrivains en herbe.
L’occasion aussi d’échanger sur les poètes célèbres (Apollinaire, Rimbaud, Baudelaire…) et d’évoquer la "Fée verte", cette absinthe qui inspira tant de poètes et de peintres… Une première session qui augure bien de la suite.
Correspondant Midi Libre : 06 81 12 75 05
https://www.midilibre.fr/2019/09/17/atelier-en-plein-air-au-fil-des-mots,8418365.php
Poésie dans la ville avec les élèves de 4°4 –Sète.-
"Dire l'amour en poésie" : voici un beau sujet autour duquel une classe de 4ème a travaillé en cours de français avec Florence Hubert, professeur de Lettres, en liaison avec le musée Paul Valéry de Sète. Deux poètes associés au festival "Voix Vives", Patricio Sanchez et Enan Burgos, ont animé en classe deux ateliers d'écriture et de calligraphie. Les élèves ont choisi des citations de poèmes qu'ils sont allés inscrire ce mercredi 5 juin sur les vitrines de 35 commerçants partenaires de cette opération. Un grand merci à Carole Charrault et à Vanessa Piris sans lesquelles ce projet n'aurait pas été possible.
Lien vers larticle du Midi Libre du jeudi 5 juin 2019 : https://www.midilibre.fr/2019/06/05/sete-des-phrases-sur-des-vitrines-cest-poesie-dans-la-ville,8240168.php
https://lyc-valery-sete.ac-montpellier.fr/poesie-dans-la-ville-avec-les-eleves-de-4deg4
UN PASEO POR EL PISO
Vamos arando dijo la mosca
dijo la mosca vamos ya
vamos que vamos mosca
que moscas
vamos arando tralalá
vamos arando mosca
moscona vamos arando
tralalá
vamos arando mosca mosqueada
vamos arando tralalá
ara que aras
ara que aras
la mosca trala
tralalá
mosca mosqueada
mosca mosquina
mosca moscona
tralalá
De Breve Antología Personal y otros poemas,
Los Andes, Montpellier, Francia, 2000.
http://usuaris.tinet.cat/elebro/poe/patricio/patricio0.htm
ME ALEGRA ESTA NOTICIA QUE COMPARTO CON MIS AMIGOS:
Un poema mío ilustra uno de los cuadros que integra la colección del Museo Paul Valéry de Sète, Francia.
PEINTURE ET POESIE - MUSEE PAUL VALERY - SETE - FRANCE – 2018.-
5
Ils sont venus par des sentiers de sable
Le jour à ta fenêtre
Un murmure à ta porte
Ta volonté un mirage sous le poids de tes mains.
Nous devons aller où commence le jour.
Auteur : Sergio Badilla Castillo
Traducteur : Patricio Sanchez
Date de saisie : 13/07/2011
Genre : Poésie
Editeur : Al Manar, Neuilly-sur-Seine, France
Collection : Voix vives de Méditerranée en Méditerranée
Prix : 10.00 €
ISBN : 978-2-913896-94-9
GENCOD : 9782913896949
Sorti le : 20/07/2010
http://www.lechoixdeslibraires.com/livre-107704-ville-assiegee.htm
Académie de Montpellier
Poésie dans la ville avec les élèves de 4°4
"Dire l'amour en poésie" : voici un beau sujet autour duquel une classe de 4ème a travaillé en cours de français avec Florence Hubert, professeur de Lettres, en liaison avec le musée Paul Valéry de Sète. Deux poètes associés au festival "Voix Vives", Patricio Sanchez et Enan Burgos, ont animé en classe deux ateliers d'écriture et de calligraphie. Les élèves ont choisi des citations de poèmes qu'ils sont allés inscrire ce mercredi 5 juin sur les vitrines de 35 commerçants partenaires de cette opération. Un grand merci à Carole Charrault et à Vanessa Piris sans lesquelles ce projet n'aurait pas été possible.
http://lyc-valery-sete.ac-montpellier.fr/poesie-dans-la-ville-avec-les-eleves-de-4deg4
Les Disparus, Patricio Sanchez Rojas, La Rumeur libre, 2017.
https://www.larumeurlibre.fr/auteurs/patricio_sanchez_rojas
D’emblée, Patricio Sanchez se place dans le sillage de Pablo Neruda. Poésie narrative, ancrée dans le Chili de sa jeunesse, avant l’exil forcé de sa famille. Poésie militante, où le thème de l’engagement social côtoie celui de la célébration du monde et du rôle du poète.
Les disparus de la dictature, mais aussi tous les défunts regrettés, c’est sur leurs cendres que le chant se bâtit. En frère de Nâzim Hikmet, Sanchez trace un cercle de feu entre lui et Les tortionnaires qui vivent/dans des palais,/avec/une pension//Très souvent/subventionnée//par l’État. Ni vindicte ni effusion dans ses propos : la sérénité du juste, la distance qui autorise un constat dégagé de toute métaphore qui l’enjoliverait. Le poète se veut d’abord mémorialiste : L’océan Pacifique/habite en toi/comme/toutes ces/montagnes du Chili.//Tes mains/sont toutes/ces mains/du Chili.//Ton visage/est tous/ces visages/du Chili. Et la forme étirée de ses poèmes n’est pas sans évoquer celle du pays lui-même.
Certes, on ne peut effacer ce qui fut, mais on peut élever une cité autre où se décline le vivre ensemble, même si Toi aussi tu as été exilé à Paris. Et ce « toi aussi » nous interpelle, comme ce Vagabond du Sacré-Cœur à l’heure où des migrants cherchent un monde meilleur.
Oui, tu possèdes un passeport dans cette Europe
De milliardaires névrosés, où les immigrés sans travail
Peinent à exister : l’exclusion, la faim, la solitude,
La haine, tu sais bien
Que dans chaque faubourg il y a un arbre et un lampadaire
Qui attend
Mais personne ne serre la main ni à l’arbre ni au lampadaire.
Oui, la poésie de Sanchez s’ouvre à l’universel. Membre de la diaspora chilienne, il porte en lui le Chili et, désormais Français, enseigne la culture et la langue espagnoles. Bien que douloureuse, son histoire est traversée par la lumière. Son témoignage s’avère donc essentiel pour les Européens que nous sommes.
Béatrice Libert, août 2017.
Patricio Sanchez Rojas est né au Chili, où il a passé son enfance et une partie de son adolescence. En 1977 sa famille s’installe à Paris, puis il séjourne quelques années à Madrid et à Portland. Naturalisé français en 1993. Il fut remarqué par Jean Joubert, qui écrira la préface de son livre Le Parapluie rouge (Domens, 2011). Actuellement il se consacre à l’enseignement de l’espagnol et anime des ateliers d’écriture à Montpellier. Il fait partie de l’équipe des animateurs du Festival Voix-Vives de Sète. Ses dernières publications: Les Disparus, (La Rumeur libre, 2017), Le Chemin avant le jour, (Grandir, 2018).
oOo
Diva
a Roberto Bolaño
Latinoamericano en la Isla de San Luis
sin un centavo en los bolsillos y con un sueño bárbaro
en el fondo de los ojos
estoy ahora de viaje por estas latitudes
exactamente en el metro Cité y devoro ahora un bocadillo
imaginario queriendo saludar a todas las estatuas
mientras camino por este bulevar sin saber adónde ir
cual un zombi estoy tocando el fondo
de mi alma en la rue de la Faim
poeta sin obra ni domicilio fijo foutaise !
me gustaría amar a una mujer que amé
hace muchos siglos
y besarla en un jardín similar al Champs de Mars
y estar allí juntos muchos días y después recordar
a nuestros padres y decir en silencio : “ya no están...,
caramba !...,
ya no están..”
fue terrible nacer en un país donde todos murieron
yo quería nacer como nacen los niños pensando
en mañana
pese a todo hoy es un día espléndido
pues hay flores por doquier en los balcones del bulevard
Saint Michel
y acabo de guiñarle un ojo a una chavala
extraordinaria
con una sonrisa me ha dicho que espere
que iremos juntos a tomarnos unas copas
al atardecer a una guinguette a orillas del Sena
y estoy contento pues es rubia
y tiene unos senos que parecen manzanas
es tarde en París ahora
yo vine a París para nacer nuevamente
pues mi tierra me había negado la vida
y hoy despierto y
percibo a lo lejos Beaubourg y pasamos con Diva,
la bella muchacha que amo,
por calles repletas
de jóvenes que ríen y charlan y sueñan.
(Francia, 2003)
http://www.lechasseurabstrait.com/revue/spip.php?article14122
https://www.recoursaupoeme.fr/patricio-sanchez-rojas-journal-dune-seconde-et-autres-textes/
Les Disparus, Patricio Sanchez Rojas, La Rumeur libre, 2017.
https://www.larumeurlibre.fr/auteurs/patricio_sanchez_rojas
D’emblée, Patricio Sanchez se place dans le sillage de Pablo Neruda. Poésie narrative, ancrée dans le Chili de sa jeunesse, avant l’exil forcé de sa famille. Poésie militante, où le thème de l’engagement social côtoie celui de la célébration du monde et du rôle du poète.
Les disparus de la dictature, mais aussi tous les défunts regrettés, c’est sur leurs cendres que le chant se bâtit. En frère de Nâzim Hikmet, Sanchez trace un cercle de feu entre lui et Les tortionnaires qui vivent/dans des palais,/avec/une pension//Très souvent/subventionnée//par l’État. Ni vindicte ni effusion dans ses propos : la sérénité du juste, la distance qui autorise un constat dégagé de toute métaphore qui l’enjoliverait. Le poète se veut d’abord mémorialiste : L’océan Pacifique/habite en toi/comme/toutes ces/montagnes du Chili.//Tes mains/sont toutes/ces mains/du Chili.//Ton visage/est tous/ces visages/du Chili. Et la forme étirée de ses poèmes n’est pas sans évoquer celle du pays lui-même.
Certes, on ne peut effacer ce qui fut, mais on peut élever une cité autre où se décline le vivre ensemble, même si Toi aussi tu as été exilé à Paris. Et ce « toi aussi » nous interpelle, comme ce Vagabond du Sacré-Cœur à l’heure où des migrants cherchent un monde meilleur.
Oui, tu possèdes un passeport dans cette Europe
De milliardaires névrosés, où les immigrés sans travail
Peinent à exister : l’exclusion, la faim, la solitude,
La haine, tu sais bien
Que dans chaque faubourg il y a un arbre et un lampadaire
Qui attend
Mais personne ne serre la main ni à l’arbre ni au lampadaire.
Oui, la poésie de Sanchez s’ouvre à l’universel. Membre de la diaspora chilienne, il porte en lui le Chili et, désormais Français, enseigne la culture et la langue espagnoles. Bien que douloureuse, son histoire est traversée par la lumière. Son témoignage s’avère donc essentiel pour les Européens que nous sommes.
Béatrice Libert, août 2017.
http://www.beatrice-libert.be/index.php?page=2
Poème dédié à Jean JOUBERT
https://soundcloud.com/humanite-fr/patricio-sanchez-chili-lit-la-terre-entiere
Journal Midi-Libre (Novembre 2018).-
https://www.midilibre.fr/2018/12/03/instants-poesie-a-la-villa-impressa,4996489.php
VERSOS DEL DESASOSIEGO
Vivo en un mundo al revés
Uno
dos
y
tres
Vivo en un árbol de agua
A dos pasos de Rancagua
Vivo en un barco de sol
Con alas de chincol
Vivo en un libro que vuela
Cachivache de mi abuela
Uno
dos
y
tres
Patricio Sánchez-Rojas
Te souviens-tu de Temuco? C’était là que t’attendait un train à vapeur. Le brouillard... L’odeur du bois. D’où jaillissaient des arbres sans visage. Une pluie invisible. Et puis, ce train immobile au milieu d’un nuage couleur de marbre. C’était la fumée qui traversait les Andes. Un gouffre de silence. Des bruits métalliques. Un sifflement. La vapeur. L’espace. Et cette locomotive dans l’abîme de ta mémoire. Pendant qu’une rivière scintillait tel un serpent de feu.
LA CASA
A Lina Zerón
He aquí la casa, la casa donde vivo,
donde nacen los meses y los años,
una casa pequeña cual una casa grande
grande cual una nube, o tal vez cual el mundo
y en cuyas vigas pasa el aire cantando.
Al fondo hay un canal y un cerezo en silencio
una higuera que crece lentamente en el patio
en mi casa hay un árbol, un árbol como tantos
pero este árbol es único, único como cualquier pájaro
La casa donde vivo se me parece tanto
con sus luces encendidas y sus ventanas soñando;
en esta casa mis libros son dichosos tripulantes
y los lápices dormidos gritan ¡al abordaje!
Yo en esta casa despierto a la vida. En mi ventana
veo la hierba fresca crecer como esas aves
que se posan cuando el viento silba entre los ramajes
del eucalipto que ríe, del peral y del manzano.
Así es mi casa, digo, así es mi casa.
Patricio Sánchez-Rojas
(Poema publicado en « Petite anthologie de poésie franco-chilienne, Carnets du Chili », 2003, Castelnau-le-Lez, France y en « Revista la Pluma del Ganso », N°39, Diciembre 2004-Febrero 2005. México, D.F.)
C’est avec un vrai bonheur que j’ai récemment découvert la poésie de Patricio Sanchez dans un recueil intitulé Nuages, où le poète offre à ses lecteurs une poésie concrète, vivante, fondée sur la réalité quotidienne pour le partage de l’émotion. Dans l’atmosphère raréfiée d’une grande partie de la poésie française contemporaine, trop souvent marquée par l’abstraction et la gratuité des virtuosités linguistiques, les poèmes de Patricio Sanchez font passer un souffle vivifiant : un souffle venu d’ailleurs et qui porte comme un message de jeunesse.
Venu d’ailleurs, certes, car Patricio Sanchez est né en 1959 au Chili, où il a passé son enfance et son adolescence. Exilé politique à dix-sept ans, sous la sinistre dictature de Pinochet, il séjourne à Paris, en Espagne, aux Etats-Unis. Enfin, naturalisé français en 1993, il s’établit avec son épouse et ses trois filles dans un village de la garrigue languedocienne, à proximité de Montpellier. Il enseigne la littérature hispano-américaine à l’université de Nîmes et collabore en sa qualité de poète ou de critique à de nombreuses revues littéraires en France, au Mexique, au Chili, aux États-Unis et au Canada. Il n’est pas un poète « de la tour d’ivoire », car il participe à des rencontres littéraires, donne des lectures publiques, anime des ateliers d’écriture : le tout avec ferveur, talent et une juste mesure de fantaisie.
De ses premières œuvres, d’abord écrites en espagnol, je ne connais que les poèmes, encore trop peu nombreux, qui ont été traduits. Mais, depuis quelques années, c’est en français qu’il a choisi d’écrire et, m’a-t-il confié, avec encore plus d’élan et de liberté que dans sa langue maternelle. C’est le cas des longs poèmes qu’il a récemment réunis dans Le parapluie rouge, un recueil où l’on retrouve le même souffle, la même exubérance du langage et de l’imaginaire que dans Nuages. La même jubilation aussi, qui ne manque pas de se communiquer au lecteur ou à l’auditeur, car ces textes, lorsqu’ils sont représentés en public, possèdent la vertu de « passer la rampe ».
Comme tout poète, Patricio Sanchez, dans sa jeunesse puis dans ses premières années d’exil, a commencé à écrire sous une constellation poétique où l’on retrouve, bien sûr, Neruda, Vallejo, Lorca, mais aussi, de manière significative, les surréalistes français, Aragon, Eluard, Prévert, Desnos, ainsi que Cendrars et Supervielle. Et je n’oublie pas l’énigmatique Vicente Huidobro, marquis chilien, millionnaire et surréaliste, ami d’André Breton, et qui a écrit en français une œuvre considérable, peu connue en France. J’incite d’ailleurs Patricio Sanchez, qui m’a parlé avec compétence et sympathie de Huidobro, à rédiger une biographie de ce poète, dont la vie fut fertile en péripéties diverses.
C’est donc, armé de ces lectures, que Patricio Sanchez est entré en poésie. Il a suivie, me semble-t-il, deux voies parallèles : l’une qui commence avec les sonnets qu’il composa dans son adolescence et qui se poursuivirent par des textes brefs, concentrés, qui, je le souhaite, seront publiés dans un proche avenir ; l’autre, caratérisée par de longs poèmes qui s’articulent comme des récits, mais d’une manière très libre, avec le recours à des métaphores audacieuses. Il ne s’agit pas vraiment d’écriture automatique, mais plutôt d’une création spontanée, dans laquelle le poète, en état de réceptivité, est envahi par le flot des réminiscences. Il n’est pas de ces partisans d’une « poésie froide », qui bannissent de leur écriture toute émotion et toute référence autobiographique, mais au contraire il puise généreusement dans son expérience chilienne, puis exilé dans des terres étrangères. On perçoit à la fois des élans de nostalgie vers le pays natal et l’évocation d’une découverte aventureuse de l’Europe. Il y a sur Paris, sur Prague, sur Londres, sur le Languedoc des pages mémorables où se mêlent l’émotion et l’humour. Et c’est souvent l’humour qui l’emporte dans des textes qui prouvent, s’il en était besoin, que comique et poésie ne sont nullement contradictoires.
Un porte-parole de la dictature condamnait en ces termes les écrivains exilés : « Quelques lâches, à Paris, s’obstinent dans leur éternelle nostalgie et écrivent de la poésie. » Pourtant la poésie restait l’un des recours contre la tyrannie et la violence. Elle résistait, à sa manière. Face à l’étouffement de la pensée, elle affirmait la primauté de la vie. Patricio Sanchez en témoigne, qui exprime tour à tour sa révolte et une célébration de ce que les surréalistes appelaient « le merveilleux quotidien ». En cette époque trop souvent de médiocrité, de grisaille et de crises diverses, voilà une poésie solide, salubre, couleur de fraternité et de liberté.
Jean Joubert
Guzargues, février 2010
Revue Les Hommes sans épaules n°45 (2018)
Chaque nouvelle livraison de cette revue semestrielle est d’une richesse inouïe tant sur le plan des découvertes et des confirmations que sur celui des informations dans le domaine de la poésie. Christophe Dauphin dirige de main de maître cette publication en sélectionnant et coordonnant articles et poèmes.
Son long éditorial enflammé ouvre la voie et donne envie de se plonger dans ce qui constitue sur 135 pages le dossier principal intitulé « Poètes chiliens contemporains, Le temps des brasiers ». Il s’agit d’un large choix de 17 poètes chiliens contemporains parmi lesquels deux Prix Nobel : Gabriela Mistral et Pablo Neruda. Ce choix va du prolifique Luis Mizon au jeune Patricio Sanchez Rojas et du novateur Vicente Huidobro au chanteur martyr Victor Jara. Les Porteurs de feu de ce numéro sont le poète-prêtre révolutionnaire nicaraguayen Ernesto Cardenal et le poète-médecin éditeur belge Yves Namur. Quant aux neuf Wah sélectionnés, ils sont le miroir d’une diversité et d’une richesse qui ne se dément pas. Évoquons enfin la soixantaine de pages finales qui propose des articles, des informations et des chroniques. Tous ces numéros de la 3° série des Hommes sans Épaules constituent, au fil des années, un riche panorama des poésies mondiales.
(Les Hommes sans Épaules n°45. (2018. 344 pages, 17 euros – 8, rue Charles Moiroud – 95440 Ecouen ou les.hse@orange.fr – www.leshommessansepaules.com )
http://revue-texture.fr/lecture-flash-2018.html
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Te souviens-tu de Temuco? C’était là que t’attendait un train à vapeur. Le brouillard... L’odeur du bois. D’où jaillissaient des arbres sans visage. Une pluie invisible. Et puis, ce train immobile au milieu d’un nuage couleur de marbre. C’était la fumée qui traversait les Andes. Un gouffre de silence. Des bruits métalliques. Un sifflement. La vapeur. L’espace. Et cette locomotive dans l’abîme de ta mémoire. Pendant qu’une rivière scintillait tel un serpent de feu.
Peuples fantômes, vers ces montagnes de sel et d’or nous marchons sur le sable brûlant, aveuglés par l’horizon incertain, sur des tombes sans nom, le silence que le vent balaie avec ses mains éphémères, le miroir du soleil enterré comme un arbre sous nos pieds : des tombes sans nom, nous allons sans savoir où aller, imprégnés de sueur par l’absence d’un visage et des yeux, seul le sable, par des chemins inconnus, le désert, ce désert, cet océan de cactus et de poussière où la vie s’apparente à la mort, - paupière indescriptible-, une porte grinçante à l’aurore, lorsque l’unique invité est le vent, les traces que nos pieds dessinent en s’effaçant imperceptiblement sur le sable chilien, dans des bourgades habitées à jamais par le silence assourdissant du tatou.
Personne dans la rivière où les hommes sans espoir cherchent leurs yeux de jade. Tout est à reconstruire dans ce village du Nord. Les arbres gisent par terre et le puits est tari à jamais à cause de la sécheresse. La poussière a pris possession du chemin qui mène aux mines d’or. Seul un fil de fer nous surprend avec ses pinces incolores et son linge encore blanchi. Le vent monotone fait grincer une porte en bois condamnée au silence. Nous voudrions voir le ciel étoilé et les comètes s’écraser contre les montagnes lointaines. Les pierres endormies ressemblent parfois à des poissons éventrés, sans musique, lorsque la terre tremble sous nos pieds de fumée.
Nous ne reverrons plus jamais ces paysages où l’homme respire la poussière dans ses poumons en forme de roc. Les geysers éternuent dans l’éternité de ces montagnes. L’ornithorynque nous trace le chemin.
C’est la nuit dans la ville la plus australe du monde. L’araucaria médite près de la rivière, tandis que j’entends passer le train sous ces arbres où le vent balaie le visage du colibri. Je suis donc l’arbre qui prend la forme d’un volcan. Mon langage s’enracine à la cendre de ces montagnes enneigées. Cependant, le cheval scrute mes traces. Le queltehue se réveille abruptement et son élan m’offre la lumière. Miroir que la nuit transforme en éclats, car c’est ici que m’attendent mes ancêtres. Je marche donc, sur les pas de mon grand-père, sous ces arbres en silence, tous mouillés par la pluie infinie de l’hiver.
© Patricio SANCHEZ-ROJAS
GRACIAS
A Violeta Parra
Doy las gracias al búho del molino
y también a la oveja trasquilada
cuando el sol en la hierba me ilumina
con sus claros cabellos de muchacha
Doy las gracias al sabio caracol
que detiene su marcha cuando fulgen
en el cielo febril y lo coloran
unas alas hermosas de gorrión
Doy las gracias a los lobos del bosque
a la hechicera que sueña con sapos
al sendero de piedra del camino
Doy las gracias al viento y a los árboles
a las palomas que vendrán mañana
a despertarme con sus alas blancas.
Patricio SANCHEZ ROJAS
http://www.poesi.as/pcpatsan04.htm
ESPERANZA
a Paul Éluard
Estás escrita en las líneas de mi mano
todo lo nombras
todo lo cambias
todo lo dices
y ordenas las aves los ríos los océanos
Esperanza cuando me canso
cuando nadie golpea a mi puerta
busco tus ojos
tu vasija de barro
y vienes hasta mí
y te sientas a mi lado
Esperanza
estás escrita en las líneas de mi mano
estás escrita en los tranvías
en las plazas con palomas y fotógrafos
en los relojes
en los cuadernos de los niños pedigüeños
entre las puertas a punto de cerrarse
bajo las sepulturas
entre las sábanas de los novios amorosos
en las ciudades (que hospedan a maricas
y muchachas que aman el amor)
sobre los senos verdes como mármol
junto a los ascensores
en mi lecho de hombre libre
que persiste
Esperanza
hoy te nombro
porque te anuncian los semáforos
y los aeroplanos
Estás escrita en las líneas de mi mano
(Londres, 1978)
Patricio Sánchez-Rojas
« Les Disparus » : hommage et dénonciation par la poésie dans les temps tristes au Chili de Pinochet
par Olga Barryle 18 mai 2017 dans Culture, Livres
Douceur et amertume cohabitent dans le recueil « Les Disparus », du poète franco-chilien Patricio Sánchez Rojas, livre qui touche la question des disparus, personnes enlevés et tuées secrètement sous le régime dictatorial de Augusto Pinochet au Chili. Une œuvre sensible d’hommage et de dénonciation.
L’année de 1973 marque un profond changement au Chili. Le 11 septembre, un coup d’état militaire renverse le gouvernement socialiste de Salvador Allende pour instaurer une dictature. Il s’ensuit une vague de violences dans le pays de la part du régime Pinochet dès le premier jour. Débutent alors 17 années de répression où les opposants au régime sont arrêtés, exilés, torturés ou exécutés.
Ceci est le contexte de l’adolescence de Patricio Sánchez Rojas, poète, traducteur, animateur d’ateliers d’écriture et enseignant d’espagnol à l’Université de Nîmes. Né au Chili, en 1959, il passe son enfance à Talca et à Valdivia. En 1977, sa famille est forcée à quitter le pays et s’exile à Paris. 40 ans plus tard, l’écrivain revisite le passé de son pays natal à travers la poésie. Son touchant recueil “Les disparus” (Ed. La rumeur libre) retrace cette triste partie de l’histoire chilienne. À travers la force de la poésie et des symboles, Rojas aborde le sujet par différentes thématiques mêlant intimité, souvenirs – heureux et tristes interposés – et histoire. Une œuvre sensible d’hommage et de dénonciation.
“Beaucoup de personnes/anonymes/recherchaient leurs/tombes/dans les champs/abandonnés,/Dans le désert/d’Atacama,/dans les montagnes,/Au fin fond des/océans./Il y avait tout un territoire/rempli de cadavres,/de disparus,/de pleurs,/de larmes,/de cendres./Il y avait un grand/cimetière/caché/en-dessous de/nos pieds”
Les disparus sont les milliers d’opposants chiliens enlevés sans arrestations officielles, secrètement détenus, souvent torturés, tués et enterrés clandestinement, le crime ultime de la répression dictatoriale. “Les disparus” nous permet de remémorer la marque laissée au Chili par ces actes et nous amène à réfléchir sur le sentiment des proches des victimes ; l’angoisse de ne pas pouvoir, au moins, avoir la certitude du destin de nos êtres aimés; l’absence d’une tombe précise où se laisser emporter par le deuil. L’absence de connaissance exacte de ce qui s’est passé et le manque de justice.
“Les tortionnaires de ton pays/natal font/définitivement partie/du paysage,/Parfois ils rentrent/dans les boulangeries,/le matin,/Ils saluent/d’une façon très/respectueuse/les employés et les vieillards”
Sanchez Rojas dénonce le destin très différent des tortionnaires du régime, qui, au contraire de leurs victimes, ont pu continuer leurs vies dans le pays qu’ils ont blessé, souvent sans conséquences graves des crimes commis, tandis que les familles des victimes cherchent encore des réponses et des réparations.
“Donc, ton exil/serait/la blessure/Que tu portes/encore/dans ta gorge”
C’est aussi une œuvre sur l’exil, la violence du déracinement forcé et de la perte de la terre natale. Ayant dû quitter le Chili à l’âge de 17 ans et étant naturalisé français en 1993, le livre est un moyen pour Sanchez Rojas de se reconnecter à ses racines. Le sentiment de l’exil est éparpillé dans son recueil, dans un mélange de souvenirs incertains et de nostalgie. Le livre semble être également une tentative pour mettre en lien les deux parties de sa vie – au Chili et en France. Comme s’il y créait sa propre patrie à travers ses poèmes : mi-France, mi-Chili entremêlés à son imaginaire et à ses lectures (“les mots qui t’habitent sont ta patrie”). Douceur et amertume, espoir et désolation cohabitent dans cette œuvre franco-chilienne touchante et originale.
Barbara D’OSUALDO
Les Disparus, de Patricio Sanchez Rojas, ed. La rumeur libre, 156 p. 17 €
La locomotive
Te souviens-tu de Temuco? C’était là que
t’attendait un train à vapeur. Le brouillard... L’odeur du bois. D’où
jaillissaient des arbres sans visage. Une pluie invisible. Et puis, ce train
immobile au milieu d’un nuage couleur de marbre. C’était la fumée qui
traversait les Andes. Un gouffre de silence. Des bruits métalliques. Un
sifflement. La vapeur. L’espace. Et cette locomotive dans l’abîme de ta
mémoire. Pendant qu’une rivière scintillait tel un serpent de feu.
Patricio SANCHEZ ROJAS
« Su poesía (de Patricio SANCHEZ ROJAS) dice
bien su proximidad con nuestras venerables tradiciones y no desmiente su
valía duradera dentro y fuera de la “larga y angosta”.
Waldo Rojas
París, 19 de marzo de 2001
UN CHAPEAU POUR JAROSLAV SEIFERT
Le parapluie rouge, Domens, 2011.-
http://www.ral-m.com/revue/spip.php?article13442
…la parution de Les Disparus un livre de poésie de l’écrivain chilien Patricio Sanchez, résidant en France, des mots très profonds et d’une grande sensibilité, poésie plus que jamais nécessaire dans ces temps arides.
http://www.espaces-latinos.org/archives/54696
MA VALISE
Ma valise connaît toutes les gares du monde.
Je la nettoie, je l’astique.
Elle est en cuir, en cuir
De Patagonie.
Elle m’accompagne dans tous mes voyages.
Un jour nous étions tous les deux,
Face à une rue de Valparaiso.
Je la reconnais à sa forme, à sa façon
De parcourir tous les chemins.
Elle aura bientôt une année de plus.
De trop.
Je n’en sais rien.
Elle m’accompagne depuis toujours.
Elle porte mes chemises,
Un vieux parapluie rouge,
Un chapeau offert en 1960 par mon oncle Dario.
Elle porte mes crayons et mes carnets de poèmes.
Deux ou trois souvenirs sans importance: un peigne
Et un foulard, et un vieux pyjama
Acheté un matin pluvieux au marché de Prague.
© Patricio SANCHEZ-ROJAS
Le Parapluie rouge, Domens, 2011.
El cochero
a Antonio Machado
Preguntaréis un día, viajeras golondrinas,
Por la ciudad que habito a orillas del camino.
Y me hallaréis sentado, tras mi bastón, cansino,
Con la mirada absorta mirando las colinas.
Alegre, estaré alegre, cercado por encinas
Y un viejo limonero de fruto vespertino,
Las manos temblorosas y el pelo peregrino,
El corazón en ascuas, las cejas cristalinas.
Y cuando llegue el día de aquel ansiado viaje
Iré cual un cochero, alegre, en el pescante
Sintiendo la neblina tupida de la noche.
Y ancianos con antorchas irán tras mi carruaje
Por pueblos soñolientos, de polvo trepidante,
Voceando mi partida, colgados de mi coche.
(France, Montpellier,1986).
Testamento
Para los poetas de Chile
Si Dios quiere, el día menos pensado formaré parte
de una hermosa antología literaria llamada Los Poetas Olvidados,
pero antes he de esperar, pacientemente, a que pasen los años,
estos largos años de tedio, los que con suerte, si no son cien o más
los años que habré de esperar, hasta quizás pueda un día ver y palpar
aquel libro, y descubrir con gozo mi nombre escrito en grande,
al pie de página, y un modesto currículo, en la hoja número treinta
y tanto por ejemplo, en la que se dirá tal vez, elogiosamente, que fui poeta
de obra escasa, amante de la vida y del sexo
opuesto, lector mediocre,
quizás, sin ambiciones claras en el plano de las letras
y, además, adicto al alcohol y a los conflictos humanos,
huraño por añadidura, de salud precaria y, para colmo, de origen modesto.
Después - claro - , reiré eternamente de todos estos pobres
comentarios sobre mi persona y mi obra, acodado tal vez en una vieja
sepultura, de algún patio de un cementerio de provincia, donde algunas flores
ya resecas se habrán deshojado, una a una, sobre el suelo humedecido,
gracias a una mano suave, similar a la del viento.
(Florencia, 2000)
© Patricio SANCHEZ ROJAS
LIVRES
DE
Patricio SANCHEZ ROJAS
· Le Parapluie rouge
· Terre de feu suivi de Nuages
· Journal d’une seconde
· Les Disparus
Volcan Chaitén
C’est la nuit dans la ville la plus australe du monde. L’araucaria médite près de la rivière, tandis que j’entends passer le train sous ces arbres où le vent balaie le visage du colibri. Je suis donc l’arbre qui prend la forme d’un volcan. Mon langage s’enracine à la cendre de ces montagnes enneigées. Cependant, le cheval scrute mes traces. Le queltehue se réveille abruptement et son élan m’offre la lumière. Miroir que la nuit transforme en éclats, car c’est ici que m’attendent mes ancêtres. Je marche donc, sur les pas de mon grand-père, sous ces arbres en silence, tous mouillés par la pluie infinie de l’hiver.
©Patricio SANCHEZ ROJAS
J’ai écrit « Les Disparus » pour me rapprocher de mes racines, de la souffrance de mon pays natal, le Chili. C’est un livre de poèmes qui est en rapport avec le travail de mémoire.
Je pense que la poésie peut aussi aider à faire connaître et à dénoncer ce qu’ont subi de nombreuses personnes qui voulaient changer et améliorer leurs conditions de vie en 1970, là-bas, à l’autre bout du monde, grâce au gouvernement de Salvador Allende, dans ce long territoire du cône sud.
Aujourd’hui on sait, par les historiens et par la presse, que le coup d’Etat de 1973 était encouragé par les Etats-Unis. On a donc le droit de se révolter contre tout cela. De nombreuses disparitions et assassinats impunis ont été laissés par la dictature de Pinochet.
Quelques tortionnaires habitent actuellement dans une prison dorée dans la périphérie de Santiago (Punta Peuco), où ils jouissent de toutes les commodités nécessaires. D’autres, font vie normale et se promènent librement dans les rues du Chili, sans être inquiétés par personne.
Après tant d’années de souffrance, les familles de disparus luttent encore pour obtenir des informations de leurs êtres aimés. Mais elles restent sans réponse.
« Les Disparus » a pour but d’honorer leur mémoire, en restant solidaire des familles des victimes et de leurs souffrances. Ni perdón ni olvido.
Patricio Sanchez
Eux, les assassins, savent
rigoler
et se sentir heureux.
Par contre, les familles
des disparus vont
par les chemins
En faisant une prière,
une bougie à la main,
Comme toujours.
Comme toujours.
« Il faut admettre que la vie n’est pas partout souveraine.
Bâtir un mur en papier comme on construit une maison. »
Patricio Sanchez
C’était le fils d’un tortionnaire,
de ceux qui se promènent
librement dans les rues du Chili.
La concierge lui avait laissé
grandes ouvertes les portes
d’une luxueuse villa.
Le festin se prolongeait
- d’après les témoins -
jusqu’à l’aube.
Et la cire des candélabres en argent
tachait étrangement la nappe blanche.
(Rien ne ferait changer le hibou
de sa branche).
Par une fenêtre nous observions
surpris les belles coupes en cristal,
et les nombreux tableaux
accrochés sur les murs.
Un vieux sage m’a dit un jour :
« tu écriras toute une vie
de poèmes d’amour ou de révolte,
sans jamais voir un copihue
blanc sur la neige brûlée ».
© Patricio Sánchez
La terre
entière
à Jean Joubert
Je ne sais rien
sur la mer
mais le ciel scintille
lorsque j'ouvre la porte du soleil.
Un arbre écrit son nom
sur le sable,
comme tu écris ta vie
sur la vitre de l'été.
Il faut penser au vent
qui se faufile entre les plumes
de la mouette, cette lumière
faite de branches et
de feuilles de poussière.
Soudain, je pense à un olivier
et l'horizon efface
la lumière de la mer,
tel un barbelé d'épines
que j'imagine
comme un mur
où des enfants jouent
à dessiner une maison de pluie.
Je sais bien que le papillon
est un arbre invisible.
Ses branches sont ton regard
et la terre entière ta blessure.
Patricio
Sanchez
Anthologie Voix Vives, de méditerranée en méditerranée
– Editions Bruno Doucey, France, Sète 2016.
VERSOS DEL DESASOSIEGO
Vivo en un mundo al revés
Uno
dos
y
tres
Vivo en un árbol de agua
A dos pasos de Rancagua
Vivo en un barco de sol
Con alas de chincol
Vivo en un libro que vuela
Cachivache de mi abuela
Uno
dos
y
tres
Patricio SANCHEZ ROJAS
http://usuaris.tinet.cat/elebro/poe/patricio/patricio6.htm
Patricio A. Sánchez
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El paraguas rojo
arriban a este puerto cansados trasatlánticos
y hendidos en la proa desertan ante el vino
y abócanse a los vasos recios hombres
con barbas pusilánimes
son viejos marineros que acódanse a la barra
confiados como mástiles
y beben vino a sorbos al son de una guitarra
sois bravos marineros murmuran las rameras
buscando ser amadas
¡oh rojas jarreteras!
y caen rojos guantes ya ebrios sobre el suelo
y glúteos que se abren
agólpanse en un sexo
las copas en las mesas conservan sus latidos
de copas postergadas
al son de una guitarra y en fin los marineros
de un barco de otros puertos
exploran nuevas aguas al son de una guitarra
sois bravos marineros
¡la noche ya se acaba!
(Cabaret de Barcelona, 1987)
_________________________
PATRICIO ARMANDO SÁNCHEZ (Chile, 1959), Es poeta y profesor de español. Reside actualmente en Francia.
http://www.margencero.com/cuarto_aniversario/poesias4.htm
Proposé par la Maison de la Poésie Montpellier Languedoc.
https://mediatheques.montpellier3m.fr/DEFAULT/doc/AGENDA/5217
Le travail du poète
À Pablo Neruda
Ecrire pour rassembler un pays dans ta mémoire
Un pays si vivant, si beau, si étrange.
Ecrire pour que ces ruelles et boulevards restent
En toi, près de toi,
Au fond de l’œil,
Et ne s’effacent pas comme un château
De cartes.
Ecrire comme la nature construit ses forêts,
Lorsque les baleines traversent les océans,
Sur un navire en feu,
Les lèvres à la dérive.
Horizon qui rumine une musique misérable.
Ecrire sous la tutelle d’un astre foudroyé
Qui part à l’assaut d’une montagne de perles,
Des perles différentes et parfaites à la fois
Comme le sein d’une jeune femme
Pensive sur le sable.
Ecrire dans l’équilibre d’un univers de cendre,
Effacé par le bruit d’une forge aimantée.
D’où naissent les calices et toutes les images
Que la foudre
Désagrège sur l’enclume orpheline.
Patricio Sánchez est né au Chili en 1959. Poète, animateur d’ateliers d’écriture, traducteur et enseignant d’espagnol. Il participe activement à la vie culturelle de Montpellier et sa région, notamment avec la Maison de la poésie-Languedoc. Prix Tristan Derême. (Juliette Clochelune)
http://www.francopolis.net/rubriques/coupdecoeur-textemai2011.html
EL TIEMPO
El tiempo es el único invitado a esta tertulia
diurna.
Quizás la conserje, en un acto póstumo,
abra aquella puerta
por la que el viento ha de colarse,
simulando ladrar.
Mas tú, bienaventurado, te despojarás
finalmente
de tu sombrero de fieltro. Y con un gesto
simple y breve:
apagarás con ademán despectivo
los cirios soñolientos.
*
CARCASSONNE
a Joë Bousquet
Ahora sí que no nos resta más que la vida,
y unas cuantas monedas
para perennizar este suplicio.
Las palabras forman parte del contexto.
La mudez es agradable cuando sólo la saliva
la sentimos desvanecerse cual un frío desgarro
en la garganta,
provocándonos espanto
al ver estampado en un periódico
el cándido semblante del asesino.
Yo interrogo la estatura de la piedra,
su paciente arquitectura cristalina, y a hurtadillas
percibo su presencia en forma de racimo
sobre un flanco
de esta antigua ciudad de Carcassonne: la
campana.
Esa oscura
nitidez
de jade oculto, templo de amenazas en comparsa.
*
GRACIAS
Doy las gracias al búho del molino
y también a la oveja trasquilada
cuando el sol en la hierba me ilumina
con sus claros cabellos de muchacha
Doy las gracias al sabio caracol
que detiene su marcha cuando fulgen
en el cielo febril y lo coloran
unas alas hermosas de gorrión
Doy las gracias a los lobos del bosque
a la hechicera que sueña con sapos
al sendero de piedra del camino
Doy las gracias al viento y a los árboles
a las palomas que vendrán mañana
a despertarme con sus alas blancas
(France, 2000).
*
Patricio Sánchez Rojas (Talca, Chile, 1959)
http://www.lexia.com.ar/sanchezpatricio.htm
EXTRANJERO
Tu semblante son los trenes que se duermen con el alba.
Llevas equipaje transitorio,
viajas.Desciendes en un andén, te preguntan tu nombre,
no respondes.
Sin embargo, debes ser feliz porque estás vivo.
Vivir es algo sumamente serio para ti.
Extranjero,
Las aves se beben tus pestañas.
Recibes una carta.
Alguien te ama.
Una mujer te ama.
Una mujer espera que vuelvas a sus brazos.
No hay regreso.
Avanzas en un tren mas retrocedes en espacio.
Tu territorio lo has perdido.
Tu patria no te pertenece.
Los años son las moles de tu casa.
Tu nombre es el exilio.
¿Qué buscas extranjero?
Las horas te amenazan.
(Florencia, 1980)
© Patricio Armando Sánchez
De Breve Antología Personal y otros poemas |
SEPTIEMBRE NOCTÁMBULO DE VERANO GUITARRA DE SOL
PEQUEÑA BIOGRAFÍA DEL ENERGÚMENO HOY EL PARAGUAS ROJO (Barcelona, 1987) MEDITERRÁNEO
(Perpignan, 1987) |
1
Jamais l’homme au parapluie
Ne pourra convaincre le ciel.
2
Entends-tu partir les trains du brouillard ?
Ce silence de marbre que le fer
nous arrache.
Entends-tu le vol de la chouette
sur les branches ?
Ce départ éternel de l’aube chaque nuit.
3
Ils sont venus par des sentiers de sable.
Le jour à ta fenêtre
Un murmure à ta porte
Ta volonté un mirage sous le poids de tes mains.
Nous devons aller où commence le jour.
Patricio Sánchez, Montpellier, trois minutes d’arrêt, Los Andes, France – 1996.